jump to navigation

Ci-gît le progressisme [1633-2020] 18 avril 2020

Par Thierry Klein dans : Covid-19,Politique.
Lu 2 574 fois | trackback

[Je publie ce billet alors qu’il n’est pas totalement finalisé – il m’a certainement entraîné un peu plus loin que prévu et doit être partiellement raccourci et réécrit. Je le publie cependant parce qu’au-delà de ses lacunes formelles et de style, les idées qu’il contient me semblent importantes et je n’ai pas l’occasion de les lire ailleurs. On voit les prépublications scientifiques fleurir en ce moment, pourquoi n’aurais-je alors pas le droit de pré-publier un simple billet de blog ?]

Depuis Galilée, la science s’oppose à la religion

Pour comprendre le monde d’aujourd’hui, on peut tenter d’imaginer ce qui serait advenu si Galilée avait eu tort. Il faut se souvenir que Galilée n’apportait nullement la preuve de ses affirmations et que ses idées étaient beaucoup plus contestées – et scientifiquement contestables, dans le contexte de l’époque – que ne l’est aujourd’hui, par exemple, la thèse du réchauffement climatique. Sur certains aspects, Galilée se “plantait” même royalement et ses “Dialogues sur les deux systèmes du monde” fourmillent de graves erreurs, sans parler de leur partialité qui lui a valu sa condamnation. Si Galilée, donc, avait eu scientifiquement tort, sa condamnation serait apparue comme justifiée et la science, ainsi que probablement les sciences humaines, se seraient durablement rangées du côté des religions.

En condamnant Galilée, L’Eglise a perdu une chance unique, celle de mettre la raison de son côté. L’Eglise est sortie de la science. Depuis 1633, la grande majorité des intellectuels, des scientifiques, des esprits éclairés européens ont été de façon somme toute naturelle en opposition avec la religion, celle-ci étant incarnée par l’Eglise Romaine.

Qu’est-ce que le progressisme ?

Les progressistes sont les héritiers de cette tradition anticléricale. Kundera rappelle que les communistes tchèques rassemblaient au départ la meilleure partie de la population du pays, la plus dynamique, la plus éclairée, la plus avancée.

“ C’était en 1948, les communistes venaient de triompher… nous avions toujours quelque chose à célébrer, les injustices étaient réparées, les usines nationalisées, des milliers de gens allaient en prison, les soins médicaux étaient gratuits… Nous avions sur le visage quelque chose du bonheur… Puis un jour, j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas dire, j’ai été exclu du parti et moi aussi, je suis sorti de la ronde.”

Kundera, Le Livre du Rire et de l’Oubli.

Opposition à l’Eglise, volonté de progrès, avance intellectuelle face à des esprits conservateurs la plupart du temps peu éclairés, tout ceci a été depuis quatre siècles, depuis Galilée, intimement lié.

Aujourd’hui, les progressistes se vivent comme les héritiers des Lumières, les représentants sur terre de la raison humaine. Ils ont « compris » que l’Eglise est l’opium du peuple et ils ont « déconstruit » les privilèges sociaux. Grâce aux progrès de la technique, le savoir n’a jamais été aussi accessible. Grâce aux progrès de la médecine, l’espérance de vie n’a jamais été aussi élevée. La supériorité de la raison sur la nature n’a jamais été aussi criante et tous ces progrès sont perçus à la fois comme des preuves et des confirmations du bien-fondé du progressisme. Si ce n’est pas l’âge d’or, ça y ressemble. De toutes les façons, ce sera certainement l’âge d’or demain puisque science, technologie, économie et réformes de société nous emmènent vers un monde meilleur.

Bien sûr, il y a quelques résistances, mais elles sont passagères, une simple transition dans l’histoire. Grosso modo deux groupes résistent : les conservateurs / réactionnaires, en haut de l’échelle de la société, protègent leurs privilèges. Et pour les plus pauvres, en bas de l’échelle, qui n’ont pas bien compris les concepts pourtant tout à fait rationnels sur lesquels le progressisme repose, il faut bien parler d’aliénation inconsciente. L’Education n‘a pas encore totalement fait son œuvre, ça viendra.


« Qui oserait dire que ce qui est nouveau ne soit pas beau » ?

Un glissement fondamental s’est opéré à l’ère moderne, glissement qui remonte au moins au marxisme. Progressivement, si j’ose dire, le progressisme, qui était un espoir dans le progrès, espoir qui se vivait encore, au temps de Jaurès par exemple, comme une lutte en devenir contre les puissances établies, est devenu une foi dans le progrès et même une foi dans le changement.

Les progressistes sont devenus ceux qui, selon le mot d’Apollinaire, pensent que tout ce qui est nouveau est beau. Le progressisme exclut de facto les gens comme moi qui ont simplement espoir dans un progrès souhaitable et non foi dans le progrès. Vouloir choisir à la carte, parmi tous les changements qu’on propose, ceux qui sont bons et ceux qui sont nuisibles, c’est être condamné à se voir rapidement classé parmi les conservateurs, voire les réactionnaires.

Le courant d’extrême-gauche, même s’il est minoritaire parmi les progressistes, a toujours rejeté ainsi ses contradicteurs, depuis la révolution d’Octobre. A un moment, il faut sortir de la ronde.

Le courant progressiste social-libéral-capitaliste dirige le monde (il correspond en quelque sorte France au macronisme), Ils sont pour l’Europe, symbole de paix et de progrès. Pour le libre-échange, symbole d’ouverture. Pour l’immigration, symbole d’égalité. Pour le droit des minorités, symbole de tolérance. Etc. Tout ceci n’est en rien honteux. Mais ils oublient « qu’en même temps », l’Europe impose aux peuples des lois qu’ils n’ont jamais votées. Que la mondialisation met en concurrence les travailleurs des pays riches avec ceux des pays pauvres. Que l’immigration leur permet en outre de bénéficier d’une main d’œuvre à bon marché au détriment souvent des classes les plus pauvres. Qu’à chaque minorité correspond un nouveau marché, que les nouvelles technologies issues de la révolution numérique permettent de cibler de mieux en mieux et dont leur position au sein du monde capitaliste leur permet de profiter. Bref, la position progressiste est fondamentalement pharisienne, les progressistes ont les idées qui conviennent à leurs intérêts, qui les empêchent de réfléchir au fond des choses. Et tout en croyant être dans la raison, dans l’opposition à toute religion, ils ont en fait développé les caractéristiques d’une église. Ils ont intégré, sans le savoir, tout en s’y opposant, de nombreux dogmes catholiques. En voici quelques exemples.

La foi dans le progrès. La foi dans le progrès (qui a remplacé l’espoir dans le progrès) est d’origine évangélique. Bien que s’opposant au christianisme, les progressistes ont récupéré cette notion de bonne nouvelle se répandant sur la terre. Elle apparaissait dans le marxisme dit scientifique et le « sens de l’histoire » n’était pas autre chose, déjà, qu’un détournement religieux. Mais aujourd’hui, la foi irraisonnée dans le progrès (scientifique, social) dépasse en bêtise tout ce que le marxisme avait pu imaginer et pourtant cette foi est universellement répandue parmi les progressistes. Les exemples abondent et ce billet étant déjà trop long, je vais donc me limiter à la position progressiste face à la révolution numérique. Il y a bien révolution numérique, et cette révolution, comme la révolution industrielle l’a été est à la fois un espoir et un risque pour l’humanité. Il devient de plus en plus évident que pour la plus grande partie de la population, le numérique est une entreprise d’abêtissement et un asservissement. Cependant, un tel point de vue vous fait passer auprès des progressistes pour « pessimiste » ou, pire encore, « opposé au progrès ». Ce point de vue a pénétré l’école au détriment de l’enseignement des enfants et on a vu, tout récemment, une Inspectrice générale de l’Education Nationale prôner la fin de certains enseignements au prétexte que « tout le savoir est déjà dans Google ».

L’humanisme. Les progressistes se veulent humanistes. Mais l’humanisme, consistant à mettre l’Homme au dessus et au centre de tout, à le différencier du reste de la création, est en soi une position religieuse de nature anti-copernicienne, héritée des grecs, et de l’ancien et du nouveau testament.

L’attention portée aux faibles, le culte des victimes. René Girard a montré que ce qui distingue Ancien et Nouveau Testament des autres religions et des mythes, c’est la réhabilitation des victimes. La Bible effectue une révolution copernicienne en prenant le point de vue des faibles (dès le meurtre d’Abel) et en les défendant. Le Nouveau Testament institue littéralement le culte de la Victime. Aujourd’hui, le point de vue « victimaire », souvent perverti, est devenu une des marques distinctives du progressisme.

Le détournement des sciences humaines. La fin de la vérité.
Le progressisme se voulant basé sur la raison, il lui est important d’avoir des confirmations de type scientifique de ses thèses, auquel il peut alors donner le nom de savoir (objectif) et non plus de simple opinion (subjective). Les sciences humaines ont été pénétrées en premier et avec un grand succès – une très large part de ce champ d’études est aujourd’hui plus spéculation boursouflée et idéologie que science. Une fois qu’un secteur universitaire est contaminé, il est très difficile à désinfecter car le mécanisme du « peer review » (sélection par les pairs) a pour conséquence que les mandarins en place vont sélectionner les papiers de recherche, les postes selon les croyances idéologiques plus que sur la qualité scientifique ou intellectuelle des papiers ou des personnes. De fait, les sciences humaines sont largement devenues, selon le mot de Bourdieu, un « sport de combat », une entreprise politique. Mais aux yeux d’une grande partie du public, elles bénéficient du prestige de la science, sont enseignées à l’école en tant que telles. Pour beaucoup d’élèves (et malheureusement de professeurs), Bourdieu dont les constructions sont essentiellement spéculatives (quand elles ne sont pas irréfutables au sens de Popper) vaut Newton. Les interprétations découlant de la « French theory » mise à toutes les sauces, la déconstruction sont des notions admises comme telles, non critiquées et qui donnent à qui les a apprises une fausse impression de « théorie terminale » ou de « théorie du tout », partant, de supériorité intellectuelle. Il en résulte un affaiblissement général de l’esprit critique et de la raison et une grande intolérance. Le dogme sociologique a remplacé la Bible et renvoie à des temps bien plus primitifs puisque pour les adeptes de l’indigénisme ou de la théorie du genre, il y a plusieurs vérités ressenties, ce qui s’oppose de fait au concept scientifique de vérité unique, cette vérité étant elle-même l’objet de toute recherche scientique. En un sens, le courant progressiste renvoie donc aujourd’hui à des temps primitifs, antérieurs au monothéisme, qui n’admet qu’une vérité. Nous verrons qu’il se rend aussi coupable d’idolâtrie.

Le terreau de l’école. Depuis 40 ans l’école, accusée d’être un simple outil visant à légitimer de façon inconsciente la reproduction sociale (cas emblématique d’une affirmation de Bourdieu spéculative et irréfutable), a troqué sa fonction d’émancipation, de transmission du savoir contre la fameuse « lutte contre des inégalités » partiellement irréductibles. L’enseignement de masse n’a pu se faire qu’au prix d’un effondrement du niveau général. Pétrifiée par le chômage, l’école a de plus en plus pour but principal de donner aux élèves des compétences professionnelles, rapidement mobilisables au profit entreprises, et non plus des savoirs profitant aux citoyens. Le niveau des enseignants, paupérisés, est lui aussi en baisse et statistiquement, plus un enseignant est jeune, moins il est éduqué. Dans un tel contexte, les croyances prospèrent. Il est significatif que ce soient les plus jeunes qui condamnent en priorité l’énergie nucléaire alors qu’ « en même temps », ce sont ceux qui craignent le plus le réchauffement climatique – l’enseignement de l’écologie à l’école, depuis 20 ans, tient de fait du catéchisme scolaire.

En synthèse, les progressistes, qui se voient comme des opposants éclairés à toute religion, sont eux-mêmes dans la croyance sans le savoir. Ils refoulent le côté religieux qui vit caché au plus profond d’eux, et une grande confusion, parfois une grande violence, en résultent. Le croyant a tout à fait le droit de l’être, peu importe qu’il croie en la Bible ou en Bourdieu. Mais le croyant devient dangereux à partir du moment où il a la certitude d’être dans la vraie foi (l’Inquisition) ou, ce qui est au fond la même chose, dans la raison alors qu’il ne l’est pas. Les progressistes sont plus que coupés de leurs racines, qui sont clairement d’inspiration chrétienne ; ils les refoulent explicitement. Il suffit de voir leurs réactions hystériques quand ils entendent la phrase maudite, à leurs yeux une sorte de provocation : « les racines chrétiennes de l’Europe ». C’est bien parce qu’elle parle d’eux que cette affirmation ne doit jamais être évoquée.

De quoi le conflit sur la chloroquine est-il le nom ?

Un clinicien un peu baroque, mais pas braque du tout, constate empiriquement que 6 fois sur 6, un traitement fait chuter en 5 jours la charge virale des patients atteint du coronavirus. Il conjecture que cet effet va réduire la durée de contagion et empêcher les patients de basculer vers les formes graves de la maladie. Il connaît à la perfection les molécules du traitement, qui sont de fait sans risque. Il en informe donc la communauté scientifique et enchaîne. L’observation empirique suivie d’une déduction est la base même de la science expérimentale.

Même si ce médecin est renommé, il n’est pas en odeur de sainteté. Il s’oppose à un grand nombre de croyances progressistes ou pire encore, les tient pour non prouvées (réchauffement climatique, modèles épidémiologiques). Il est déjà en dehors de « la ronde » qu’évoque Kundera.

L’idolâtrie du protocole. Selon la « communauté scientifique », son observation empirique viole le protocole. Mais à quoi sert le protocole médical ? C’est un outil censé fixer les meilleures règles possibles pour permettre à chaque médecin de sauver des vies et non pas une fin. La vraie fin de la médecine, c’est le soin envers les malades, c’est sauver des vies. Les principes éthiques régissant la pratique du médecin, immortels, éternels, les seuls qui tiennent, sont inscrits dans le serment d’Hippocrate. Pas dans le protocole.

Au nom du « protocole », le traitement proposé par Raoult est donc qualifié par ses opposants de « non éthique ». Et ce terme même constitue un élément de langage médical qui traduit l’idolâtrie, puisque ce qui n’est pas éthique, en dernière analyse, c’est de nuire au malade, non pas de sortir du protocole. Mettre le protocole, l’outil, au dessus de la vie des malades, la fin, est une forme d’idolâtrie.

Qu’est-ce que l’idolâtrie ? C’est la confusion de la statue avec Dieu. Plus généralement, l’idolâtrie, c’est confondre l’objet et le principe. Harpagon idolâtre l’argent, c’est-à-dire qu’il le confond avec la raison de vivre. Il y a idolâtrie chaque fois qu’on confond la fin et le moyen, le moyen acquérant une telle importance qu’il finit par s’opposer à la fin, aussi élevée soit elle. En bons pharisiens, les progressistes scientifiques s’intéressent à la lettre du traitement plutôt qu’à sa fin, qui est de sauver des vies. Cette cabale contre un traitement pourtant raisonnable (des signes d’efficacité crédibles, pas de risque) rassemble donc 4 éléments :

  1. le retour à des temps religieux pré-monothéistes idolâtres (car l’homme étant un animal religieux, l’abandon des religions « avancées » ne peut que le renvoyer au primitif),
  2. l’ignorance et l’incompétence grandissantes de la communauté scientifique (le lien avec la baisse de niveau scolaire doit être fait),
  3. l’incapacité à agir et les défaillances de l’Etat dans son organisation (les hauts-fonctionnaires constituant la crème de notre système scolaire, le lien avec la baisse de niveau scolaire doit aussi être fait, même si évidemment l’école n’est pas la cause unique de cet affaiblissement) et
  4. la constitution de cette communauté en église inquisitoriale et intolérante (rappelons qu’en France, le traitement a été interdit, alors que jusqu’en janvier la chloroquine était utilisée sans faire appel à ordonnance !).

La raison craque de partout. Les tensions entre croyance progressiste et raison sont devenues permanentes. Sans même en chercher des manifestations politiques au sens partisan du terme, les décisions du gouvernement autour de la gestion de l’épidémie tiennent du plus haut comique – ou tragique, c’est selon.

  • Les frontières du pays n’ont pas été fermées car soi-disant, cela serait manquer d’esprit européen. Ainsi on perd quelques précieux jours dans la gestion de l’épidémie. L’isolation des malades est la clé de la gestion de toute épidémie, depuis l’antiquité.
  • Le refus d’imposer une application sur portable permettant de suivre les personnes infectées et d’endiguer l’épidémie pour des raisons tenant à « l’éthique juridique ». Mais le droit n’est qu’un outil au service de la société, pas une fin en soi. Cependant, pour Laurent Fabius, Président du Conseil Constitutionnel, « Il n’y a jamais de temps pour l’éclipse des principes fondamentaux du droit ». Autre cas flagrant d’idolâtrie. (pour une discussion plus poussée, voir un de mes billets précédents).
  • Pour le déconfinement, Macron ne veut pas de «discrimination» des personnes âgées. Il estime que « L’état d’urgence sanitaire ne justifie pas une telle disproportion dans l’atteinte aux droits ». Autant dire qu’on préfère laisser mourir les vieux plutôt que de les protéger.Cela a autant de sens que de mettre fin à la ceinture de sécurité obligatoire car elle est discriminante pour les automobilistes par comparaison aux gens assis devant leur télé.
  • On refuse donc au nom du Droit idolâtré, d’imposer des mesures jugées « autoritaires » (confinement obligatoire des vieux) ou « liberticides » (application sur portable) mais simultanément, on interdit de façon autoritaire un traitement encourageant qui n’a aucune chance sérieuse de nuire, ceci au détriment du droit du médecin à soigner et du patient à choisir son traitement (décret du 29 mars 2020).

La pression du populisme

Du fait de leurs échecs et contradictions, les progressistes sont partout sous la pression des populistes, ce qui amplifie leurs erreurs et contradictions. Souvent, ils agissent en simple réaction aux positions populistes (ainsi, si l’Europe était moins remise en question, il aurait sans doute été plus facile au gouvernement de comprendre que les frontières devaient être fermées. Si Trump n’avait pas très tôt promu le traitement du Pr Raoult, il aurait été plus facile de le suivre en France). En outre comme toute église, ils jettent l’anathème. Ils accusent de populisme tous ceux qui sont « sortis de la ronde ». Ainsi, si le populisme est devenu si populaire, c’est en grande partie de leur faute.

L’objectif de ce billet n’est pas de faire l’analyse du populisme, mais si on définit le populisme comme l’opposition au progressisme, on peut y distinguer aussi deux grands courants de « pensée » : un courant religieux-superstitieux, d’une bêtise crasse et un courant rationaliste, qui a tout simplement constaté les dangers du progressisme, qu’il faudra bien différencier du populisme démagogique et sur lequel il faudra, à mon avis, fonder l’avenir.

Que demandait l’Eglise à Galilée ? Des preuves formelles, que Galilée ne pouvait apporter à l’époque. Que demande l’inquisition scientifique à Raoult ? Des preuves formelles. Et comme les preuves que les pharisiens demandent à Jesus, il s’agit évidemment dans les deux cas d’un piège. Il faut noter aussi que le tribunal scientifique moderne est bien plus ignorant que celui de l’Inquisition: Galilée a été condamné par un tribunal de savants, majoritairement d’accord avec lui sur le fond, mais qui a appliqué le droit de l’époque, droit qui disait que les Ecritures ne pouvaient être remises en cause sans preuve. La phrase qu’on prête à Galilée (”Et pourtant, elle tourne !”) est probablement apocryphe, mais elle aurait sans doute pu être prononcée par la plupart des membres du tribunal le condamnant !

Au contraire, la communauté qui condamne Raoult avec une très grande violence, on le voit sur les réseaux sociaux, est persuadée de son bon droit, persuadée de l’erreur insigne et du cynisme de Raoult puisque cette « erreur », elle ne conçoit même pas qu’il puisse la faire, au double sens du terme, de « bonne foi ».

Qu’on ne se méprenne pas. Raoult n’est évidemment pas Galilée, mais la « communauté scientifique », c’est bien l’Inquisition. Le monde ne pardonnera pas l’erreur de jugement du tribunal progressiste. Parce que c’est une insulte à la raison grave, qui a tué. La raison est un instrument délicat, un aiguillon permanent de la conscience et les défections vont être, au fur et à mesure du temps, de plus en plus nombreuses dans le camp progressiste. Dans les prochaines années, ceux qui pensent devront le faire non seulement en dehors mais contre les chapelles et les institutions progressistes.

Mesdames et messieurs, ce qui s’écroule sous vos yeux aujourd’hui, ce grand cadavre à la renverse, c’est le progressisme.

Billets associés :

Commentaires»

no comments yet - be the first?