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Afterthoughts (sur l’élection d’Obama) 7 novembre 2008

Par Thierry Klein dans : Humeur.
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C’est un de mes premiers souvenirs. J’avais 5 ans et la nouvelle de l’assassinat de Luther King est tombée à la radio. Je me souviens que ma grand-mère a dit « je savais qu’ils l’auraient ».

J’avais 16 ans quand j’ai été aux Etats-Unis pour la première fois. J’ai passé un mois dans une université au fin fond de l’Ohio, état qui mardi soir a voté pour Obama. Je me souviens que les étudiants noirs et blancs vivaient de façon séparée et que, même à la télé, les programmes étaient séparés. C’est toujours un peu le cas aujourd’hui et quand j’y repense j’ai l’impression qu’en 1979, soit 11 ans après la fin de la ségrégation, le plus dur était déjà fait.

Dix ans plus tard, étudiant à Stanford, j’ai assisté à une discussion entre un étudiant « afro-américain » (c’était le temps du politiquement correct) et un étudiant « caucasien ». Le noir a brillamment démontré au blanc que Beethoven avait forcément du sang noir dans les veines puisque toute bonne musique était noire et que Beethoven avait fait de la bonne musique. Le soir même, des blancs ont été barbouiller sur une porte du campus un Beethoven à face de nègre, avec des grosses lèvres. Je me souviens que l’affaire a fait la première page du New York Times.

Je me souviens que j’étais fou de joie lorsque le Mur est tombé, que j’ai appelé mes amis pour qu’on parte à Berlin en voiture. Et puis, je me suis dit qu’on revenait finalement exactement à la situation d’avant la guerre de 14 et j’ai annulé. Je me souviens que pendant plus de dix-sept ans, j’ai regretté de ne pas avoir pu entendre Rostropovitch jouer du violoncelle devant le Mur, et puis j’ai cessé d’aimer le violoncelle.

Je me rends compte que Woody Allen, un juif, et Barack Obama, un noir, sont cent fois plus populaires en France que dans leur propre pays. Si j’étais BHL, je pourrais vous en faire plusieurs pages profondes, très profondes et bien entendu lyriques mais comme rien ne m’y oblige et n’ayant aucune explication plausible à proposer sur ce point, je vous laisse bien volontiers en tirer les conclusions qui s’imposent.

Je me souviens m’être dit que Sarkozy (« Ensemble tout devient possible ») et Obama (« Yes We can ») ont été élu avec des slogans finalement assez similaires alors que presque tout, au fond, les sépare. Surtout, l’arrivée au pouvoir est toujours une aventure individuelle et la vraie leçon à en tirer, c’est celle-ci : « Seul, tout devient possible » et « Yes, I can ».

Je me souviens que j’étais fou de joie lorsqu’ Obama est passé et puis je me suis dit que tous les gens qui sont ravis de l’élection d‘Obama parce qu’il est noir sont des racistes et que ça fait beaucoup de racistes.

Je ne me souviens pas, mais j’ai toujours su, que si les Américains n’avaient pas débarqué en 1945, je ne serais pas là.

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Commentaires»

1. Marty - 11 novembre 2008

et pourquoi c’est raciste de se réjouir de l’élection d’OBama parcequ’il est noir? N’est ce pas plutôt une sorte de discrimination positive ? N’est ce pas nécessaire? rien que pour faire la nique aux racistes qui ne savent plus quoi dire aujourd’hui ?
Sur le fond je suis ok et mes fils ne savent pas faire la différence entre un noir et un blanc et c’est ma meilleure réponse à mon intégrité. Et pour tant je me réjouis de la victoire d’OBama, principalement parce qu’il est noir.
Black power is in the house!!!!

2. Thierry Klein - 11 novembre 2008

« et pourquoi c’est raciste de se réjouir de l’élection d’OBama parcequ’il est noir? », la réponse est dans la question.

La discrimination positive, c’est évidemment une forme de racisme. et croyez moi, vos fils, comme tout le monde savent la différence entre un noir et un blanc, sauf s’ils sont aveugles, au sens le plus littéral du terme.

3. Un autre Thierry - 11 novembre 2008

Je pense que l’on peut éventuellement discuter sur la forme, les moyens, etc, mais il ne reste pas moins vrai qu’à notre époque, il faut progresser à marche forcée pour vaincre nos anciens démons avant que les circonstances ne deviennent moins favorables (Si tenté que notre société ne régresse un jour).
L’optique de profiter des fenêtres favorables pour progresser le plus vite possible, même si le discours sur la méthode est interressant, reste la mienne, à condition que nous ne nous mettions pas à faire n’importe quoi.
Concernant la seconde guerre mondiale, il y aurait des choses à dire, mais je pense surtout que souvent, il faut aller chercher au delà de l’apparence des choses, pour découvrir la logique qui sous tend les évènements. J’ai découvert ce lien (Une conférence de l’historien canadien Jacques R.Pauwels s’appuyant sur son livre « Le mythe de la bonne guerre ») http://www.dailymotion.com/worldhistoria/video/x10hfx_le-mythe-de-la-bonne-guerre_politics , qui va dans ce sens, avec quelques révélations à la clef.
Je m’inscris donc en faux à l’idée de considérer une espèce de « Camp du bien ».

4. Stibbons - 11 novembre 2008

Ce qu’il faut voir dans cette étape, c’est que les états unis ont fait un pas de plus dans la bonne direction, vers là où les gens ne se poseront même plus la question de la couleur de peau pour ce type d’élection. J’ai l’impression que bon nombre d’américain « moyen » n’a ni élu obama parce qu’il est noir ni parce qu’il ne veut pas apparaitre raciste, j’ai surtout l’impression qu’ils ont été porté par ses idées, son slogan, et surtout par sa campagne diaboliquement efficace.

En france on est encore à se poser la question « mais est ce qu’un noir pourrait etre élu président »… c’est fou comme le soir de l’élection il y avait une différence flagrante entre les chaines anglosaxones et francaise: Les chaines francaises répetaient constament « mais un noir président en france, c’est possible? », alors qu’aux US ils étaient plus sur les idées de fonds (« comment va se passer l’après bush », « comment appliquer toutes ses promesses par temps de crise »…).

Mais bon, on n’a pas a se réjouir qu’un noir soit élu, on a à se réjouir qu’un homme porteur d’une autre vision de l’amérique arrive au pouvoir. Et surtout, obama a une sacré aura planétaire, il a intéret à en faire bon usage.

5. Marty - 12 novembre 2008

Les blancs doivent payer pour le pillage de l’Afrique et le colonialisme faciste. C’est tout. Point final. Le procés de l’europe n’a pas eu lieu. Le jugement doit être sans appel. Il faut assumer notre judéo christianisme. Et payer.
Puisse la victoire d’Obama donner des ailes aux noirs de tous les pays. Au bout d’un moment il ne faut plus discuter.