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Pourquoi Obama va devenir Président des Etats-Unis. 14 octobre 2008

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Depuis plus d’un siècle, il y a 4 grands thèmes qui déterminent le positionnement de l’Amérique lors de son élection présidentielle:

1) Le rêve américain. (Symbole: « Rocky »)
L’idée du « petit », parti de rien, qui arrive à force d’effort, de travail, de courage et d’astuce.

Les 2 candidats sont à peu près à égalité sur ce point. Mc Cain est un héros de la guerre du Vietnam et Obama est le premier présidentiable noir.

2) La solidarité des premiers pionniers (Symbole: George Bailey/James Stewart dans « La vie est belle« ).

C’est toute l’entraide aux Etats-Unis (traditionnellement, cette entraide repose sur des comportements privés, contrairement à ce qui se passe en France). Beaucoup de connotations religieuses (dans les réseaux caritatifs, les communautés Amish, etc…).

Bush a symbolisé, en son temps, l’image de cette Amérique solidaire et religieuse, mais a en quelque sorte dévoyé le concept – devenu irrécupérable pour Mc Cain.

Au contraire, la crise des subprimes aide Obama qui est devenu solidaire des petits emprunteurs sans logement (le premier plan Bush/Paulso, approuvé par Mc Cain, ne prévoyait aucun réechelonnement de la dette des particuliers – c’est Obama et les démocrates qui se sont battus sur ce sujet, sans grand succès d’ailleurs).

3. Les ennemis à nos portes (Symboles: le 11 septembre, la lutte du bien contre le mal)

Depuis l’origine, l’Amérique s’est nourrie du conflit face aux (so called) « forces du mal ». Il y a eu les indiens, les nazis, les japonais, les sorcières et plus récemment Al Qaïda, l’Iran, Saddam.

Bush a largement profité de la lutte contre les forces du mal et là aussi, il a, sinon dévoyé le concept, au moins brouillé les cartes en se trompant de guerre et Mc Cain en pâtit aujourd’hui.

Barak Obama n’est pas non plus très bien placé sur ce plan. Il est noir, ce n’est pas un patriote affiché comme peut l’être Mc Cain, il veut en finir avec l’Irak – soupçon de défaitisme.

4. Les élites sont pourries (Symbole: Flem Snopes, Mr Potter dans « La vie est belle »)

C’est la version américaine du poujadisme: une grande méfiance vis-à-vis des élites. Traditionnellement, les républicains sont forts sur ce point. Reagan, Bush, ont attaqué « Washington » – l’état des politicards – au nom du rêve américain individualiste et ont, en grande partie, gagné leur élection sur ce thème.

John Kerry, le dernier opposant à Bush, a été perçu très négativement comme le représentant des élites.

La crise a totalement inversé cet argument et aujourd’hui, pour les américains, les élites pourries, c’est Wall Street. Les américains ont clairement perçu que Bush n’a été, en grande partie, que « l’instrument très flexible utilisé par des financiers privés pour faire correspondre la politique de l’Etat avec leurs intérêts » (citation d’Al Gore).

A tort ou à raison, Mc Cain ne pourra se lutter contre le sentiment que les républicains sont les représentants des élites financières. La fenêtre d’opportunité est passée – il aurait fallu s’opposer au premier plan Paulson ou apporter des propositions économiques nouvelles – or les propositions de Mc Cain dans ce domaine ont été extrêmement faibles, voire ridicules (cf le deuxième débat avec Obama).

Bref, pour la première fois depuis Ronald Reagan, mais de façon inversée, un des candidats l’emporte ou est au moins à égalité sur les 4 points clés sur lesquels se sont jouées toutes les campagnes américaines.

Au soir du 4 novembre, il n’y aura pas photo: Obama sera élu, facilement, Président des Etats-Unis.

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Commentaires»

1. Gaetan - 14 octobre 2008

J’aimerais bien en être aussi sûr… 🙂

2. Colette - 15 octobre 2008

Croisons les doigts..

3. Pourquoi nos dépenses de santé dépendent de la réforme du système de santé américain. - 21 juin 2009

[…] lobby très puissant aux USA parce qu’il touche à l’essence même du rêve américain (voir un de mes précédents billets) demandent une exemption. Si cette exemption est trop large, la réforme sera tuée dans […]