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Le coût des pièces détachées, symptôme de mondialisation 29 mai 2006

Par Thierry Klein dans : Politique.
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J’ai une imprimante Canon MPC 730, la même qu’Olivier, je crois, dont le porte cartouche est tombé en panne. Je vous passe les détails mais remplacer le porte-cartouches en achetant les recharges d’encre coûte un peu plus cher qu’acheter l’imprimante complète (qui contient aussi les 4 recharges d’encre), soit environ 120 € (de mémoire).

Même phénomène avec mon téléphone portable (chargeur, écouteurs), mon PC portable, etc…

Evidemment, l’intérêt du producteur est de vendre au prix le plus bas possible. Pour ceci, il intègre au maximum son processus de production, ce qui fait que le coût de remplacement d’une pièce détachée, opération manuelle, grimpe par rapport au coût total du produit.

Mais il y a aussi tromperie du consommateur. Dans le cas de mon imprimante, par exemple, on vend la pièce détachée 100 ou 200 fois son coût, sous prétexte que je ne peux me la procurer que chez Canon.

C’est l’intérêt du producteur de vivre sur les pièces détachées et de faire baisser le coût apparent du produit (prix d’achat) tout en faisant monter son coût réel (prix sur l’ensemble du cycle d’utilisation du produit).

Surtout, le fort coût des pièces détachées est une cause importante de dégradation pour l’environnement: on ne répare plus, on remplace – et donc on jette. C’est aussi un symptôme de mondialisation: le coût du produit est hyper faible car il est assemblé dans une usine à l’étranger. Mais toute réparation est impossible ou très coûteuse car elle nécessite du service sur place ou non souhaitée par le service marketing qui souhaite faire monter le coût réel du produit.

Les exemples sont multiples: j’ai longuement parlé du café Nespresso et de ses capsules hors de prix sur ce blog. Il y a aussi mon portable Sony: pour toute réparation, je dois préalablement aligner 100 €. Vous en trouverez plein d’autres, auxquels je n’ai pas pensé et que j’attends en commentaires.

Les symptômes de mondialisation:

– prix d’achat du produit très bas (produit extrêmement industrialisé, en général construit dans le tiers-monde)

– marketing centralisé extrêmement efficace, visant à optimiser le coût réel du produit plutôt que le prix d’achat (il faudra que je fasse un jour un billet sur les rapports du marketing et de la mondialisation, pour ceux qui n’ont pas lu « No Logo« , l’ouvrage de ma soeur Naomi). Dans beaucoup de cas, je pense qu’il y a un véritable tromperie du consommateur, auquel le coût réel du produit est caché.

– maximum de déchets et de pollution, car finalement, la société se rémunère sur les déchets du produit (recharges d’encre, capsules Nespresso, écouteurs de mon IPOD, etc…).

Ca paraît simpliste mais une loi qui interdirait de vendre un produit à un prix inférieur à disons, deux ou trois fois la somme de ses pièces détachées, réparations comprises, aurait de multiples effets positifs. Pour le consommateur, contre la pollution et contre la mondialisation puisqu’elle imposerait à ce que le produit soit au moins en partie réparable sur place – sinon le coût de transport fait exploser les coûts de réparation au-dessus du seuil.

Petite cause, grands effets ? Ca me paraît toujours incroyable que les associations de consommateurs adoptent des positions peu glorieuses sur des sujets d’importance très marginale tels que les droits d’auteurs musicaux au lieu de se concentrer sur ce qui compte vraiment: le droit des consommateurs et la planète.

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Commentaires»

1. OlivierM - 29 mai 2006

Mon imprimante etait une 370… mais c’est le principe.

Par contre, j’ai un début d’explication sur le cout des pièces détachées : les couts de gestion sont beaucoup plus élevé.
La gestion d’un référence d’imprimante et stockage dure quelques mois, pour une pièce détaché c’est quelques années. Pour une référence d’imprimante, il va y avoir 20 références de pièce à gérer.

Mais sinon, je suis largement d’accord avec toi.

PS : j’aime pas ton catchapa, il ne marche jamais avec moi (j’en n’aime aucun)

2. Thierry Klein - 29 mai 2006

la multiplication du nombre de modèles et leur faible durée de commercialisation, c’est aussi un effet du marketing.

3. Alfreddd - 30 mai 2006

La question ne me paraît pas vraiment être celle-là; le business des fabricants d’imprimantes (ou de Nespresso), c’est de se créer un marché captif par un appareil fortement subventionné, pour pouvoir ensuite vendre du consommable non concurrencé et donc fortement margé. Finalement, c’est aussi ce que font les opérateurs de téléphonie mobile, les consoles de jeu vidéo…

4. raoul - 2 juin 2006

L’imprimante ne sert pas franchement à grand chose, PDF c’est bien. Pensez d’abord aux arbres avant de vous préoccuper de réparer une imprimante qui a trop fonctionné, trop longtemps. Essayez donc de vous poser la question à chaque impression, ce que j’imprime là est-il vraiment utile. Même des dinosaures comme Bercy se mettent au tout électronique. J’ai fait l’expérience forcée de ne pas avoir d’imprimante, cela marche! Essayez donc d’en faire autant pour la planète, et refusez de travailler avec des mecs qui n’ont pas de mail et ne connaissent pas a minima qques formats comme PDF.

5. Thierry - 2 juin 2006

Pour Raoul:
J’aimerais bien faire comme ça, mais dès que je passe plus de 10 mn sur un écran, je fatigue, je ne comprends plus ce que je lis. Tout ce qui fait + de 2 pages, je dois l’imprimer si je veux vraiment capter quelque chose.

6. Raoul - 2 juin 2006

Thierry, achètes toi un écran plus grand que ton PC tablet de poche… alternativement mets toi ds un fauteuil, et projettes ton écran au mur. C’est bien plus fun, surtout qd tu fais une pause. Il y a encore un autre remède, arrête de lire les c… qui sont postées sur le net 😉

PS. Ds tes questions anti-spam il y en a des dures…

7. Tonio - 11 juin 2006

D’ou l’interet des formats standards (et a fortiori libres): avec un format standard de cartouche d’encre ou de recharge de café-capsule, finis la cherté du coût d’utilisation!

Avec un logiciel acceptant des plugins standards (java, xml, etc), la maintenance et l’évolution est beaucoup moins couteuse qu’un programme n’acceptant que son langage maison (Catia par exemple)

Et la cohabitation est même possible pour contenter tout le monde: prenez l’exemple des essuies-glace de voiture, on a toujours le choix entre les essuies-glaces standard, et les essuies-glaces de la marque spécifique au modèle de la voiture. Au marketing après de différencier sur autre chose que le prix.