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Nous ne verrons pas d’intelligence non biologique (ou la supériorité de l’analogique sur le numérique) 3 octobre 2005

Par Thierry Klein dans : Technologies.
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Du moins au sens où l’entend Jean-Michel sur son blog. Pour Jean-Michel, le fait que nous puissions modéliser des réseaux de quelques dizaines de milliers de neurones, couplé à l’augmentation des puissances de calcul signifie que d’ici 20 ans, nous serions capables de créer des ordinateurs « intelligents » (au sens où nous entendons communément le mot intelligence – ce qui veut d’ailleurs dire, remarquez le, que nous ne le définissons pas).

Tout ça semble évidemment très excitant mais n’arrivera pas. Et je suis prêt à prendre de gros paris là dessus.

Même si on ne prend pas une position religieuse (au sens où l’on admet que le cerveau est une machine), les problèmes suivants restent sans solution proche:

– Tout algorithme de modélisation du cerveau croît de façon exponentielle avec le nombre de neurones (on appelle ça un processus NP complet). Conséquence: pour un grand nombre de neurones, la modélisation du cerveau n’est pas a priori, accessible à un ordinateur. (1)

– Les réseaux de neurones correspondent à des modélisations élémentaires et probablement trop simples du cerveau humain. Tout un tas de processus (neuronaux, hormonaux, physiques, etc…) ne sont absolument pas pris en compte (et resteront encore longtemps des inconnues biologiques). En fait, on ne sait même pas aujourd’hui si les neurones suffisent pour réfléchir.

– L’interaction entre les capteurs et les neurones – autrement dit l’apprentissage – est quasiment inconnue. Jean-Michel cite de façon pertinente (je n’ai pas dit juste) l’exemple de l’homme de Néanderthal qui aurait pu être moins « intelligent » pour des raisons physiques l’empêchant de parler distinctement. Eh bien, l’interaction avec le monde extérieur est un facteur aujourd’hui absolument non pris en compte par les modélisations (2).

Sur les 3 points ci-dessus, l’apparent foisonnement des découvertes ne doit pas faire oublier qu’il n’y a eu aucun progrès réel en 30 ou 40 ans (tout progrès réel tiendrait de la science fondamentale, et ce qui a évolué ne tient que de la technologie). En 2020, il serait étonnant qu’on ait pu atteindre par des moyens numériques le niveau d’une mouche.

(1) Un processus NP complet n’est pas traitable par un ordinateur au sens où il faudrait des millions d’années pour le résoudre et où sa complexité croît infiniment plus vite que l’augmentation de la rapidité des ordinateurs dans le temps. Par exemple, s’il faut aujourd’hui 1 000 ans pour « résoudre » un réseau de 10 000 neurones (cas hypothétique), on pourrait concevoir que dans quelques dizaines d’années, ce temps soit réduit à 1 mn… Mais le problème est tel qu’il faudrait alors 10 000 ans pour résoudre un problème à 10 001 neurones…(Rappel: le cerveau comporte plusieurs milliards de neurones).

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Commentaires»

1. Simon Boutin - 1 décembre 2008

D’après des articles très sérieux que je rencontre souvent sur internet, l’intelligence et la conscience seront possible bientôt.
Je ne comprend pas tout à fait ton explication, mais si tu dis que c’est impossible, j’espère sincèrement que tu as tort et qu’on verra très bientôt les bénéfices de ces nouvelles merveilles.
C’est bien d’avoir des opinions diversifiées.