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Small Business Act en Europe, pas si simple… 27 juillet 2005

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Vu sur le blog de Pascal Mercier, une pétition pour un Small Business Act en Europe (La pétition).

L’idée est séduisante. Aux USA, selon le document, 40% des fonds publics vont vers les PME en vertu du « Small Business Act ». En Europe, seulement 5%.

Simplement, je pense que ce genre de mesures ne peut être prise telle quelle en Europe ou en France.

Aux USA, il y a un réseau puissant de PME largement capitalisées en fonds propres, innovantes et performantes. Ce réseau n’existe pas en France où les PME sont plutôt sous-capitalisées et peu innovantes. Donner à ces PME des marchés publics importants, c’est probablement, baisser significativement la qualité des services rendus et aussi prendre le risque de faire « exploser » les entreprises qui ne sauront pas répondre aux cahiers des charges.(1)

De plus, alors que ce genre de mesures prise au niveau américain donne accès aux marchés de toutes les administrations, de fait, pour une PME européenne, elle ouvre avant tout le marché national, ce qui limite son impact.

Je suis évidemment d’accord sur l’objectif à atteindre. Mais je serai plutôt partisan des mesures incitatrices suivantes:

– Fixer un niveau de fonds propre minimal pour que la PME puisse être « qualifiée » au titre de cette mesure. Ceci permettrait d’appliquer la mesure sans subir d’effet boomerang, au niveau des services rendus aux clients aussi bien que du risque pris par les entreprises. Ceci encouragerait les PME à devenir enfin correctement capitalisées (et encouragerait les investisseurs à le faire): c’est là une des causes de la différence de performance entre PME européennes et américaines.

– Qualifier au titre de cette mesure tout consortium incluant dans sa proposition de réponse une part significative de PME (par exemple 30 ou 40%). Ceci encouragerait les grandes entreprises à aider les PME à participer aux réponses, en limitant les risques pour la collectivité. Ceci favoriserait aussi l’investissment industriel de grandes entreprises dans des PME, ainsi que des alliances sur des marchés d’exportation.

Qu’en pensez-vous ?

(1) Je parle évidemment en moyenne. Il y a évidemment des PME performantes et bien capitalisées (au moins celles qui sont passées entre les mains de Pascal Mercier, visiblement !). Mais il y en a si peu que leur donner 40% des commandes publiques, ce serait probablement les transformer instantanément en multinationales !

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Commentaires»

1. OlivierM - 1 août 2005

Relativement d’accord avec toi, MAIS aoujourd’hui les marchés publics sont FERMES aux petites entreprises, et au entreprises récentes. Sans compter le nombre de fois, ou pour éviter tous problemes et achetter un bon parrapluie les chefs de service information ne choississez que des solutions lourdes qui existent depuis des années.

Bref … pas de chance pour les PME innovantes (j’en ai connue dans les techno client leger)

2. DAVIDEO - 11 septembre 2005

qui a dit que les PME étaient moins performantes que les graandes ? on voit tous les jours le contraire. Le fond du problème c’est l’attitude des clients ( administration ou non ) qui s’imaginent être plus tranquilles avec une grosse boîte ( peut-être pour frimer aussi un peu: je travaille avec IBM…) alors que toute personne ayant travaillé avec une grosse entreprise sait que seul compte la personne que l’on a en face de soi et non l’entreprise elle-même puisque l’on travaille en général avec quelque personne seulement d’une structure. Mais cette personne efficace et responsable du projet se rencontre tout aussi bien dans une petite structure… La taille n’y fait rien à l’affaire, et cet article montre bien que leSmall Business Act en Europe est à installer en URGENCE en europe si l’on veut stopper ce racisme économique.

3. Thierry Klein - 11 septembre 2005

Oui, mais l’attitude « conservatrice » des clients n’est pas différente aux USA (je dirais même que les directions informatiques des sociétés US sont nettement plus réticentes aux nouveautés et aux PME que les françaises). Il faut aussi penser au directeur informatique qui n’a pas envie de se mettre en danger et le comprendre… Donc votre argument sur l’attitude du client est « global » et en tant que tel ne donne pas une raison spécifiquement européenne d’échec des PME.Je pense que d’autres causes sont en jeu (voir mon billet).

4. Dingo - 3 juin 2008

Beaucoup de marchés remportés par une multinationale sont éclatés ensuite sur des PME, mais elles n’apparaissent pas officiellement dans le cadre du marché (unicité du maître d’ouvrage). Une clarification serait bonne et pour le donneur d’ordre et pour les PME.

Si l’on regarde simplement en consulting informatique, des individus à leur compte sont retenus. Il y a néanmoins intérêt à capitaliser en terme de knowledge management, sur des entreprises de taille moyenne.

Quant au niveau des fonds propres…Je crois que l’on regarde surtout le CA et le bilan financier global. Quel serait ce nouveau critère sur le niveau des fonds propres ? Qu’apporterait-il ?

5. Thierry Klein - 3 juin 2008

Je pense qu’une collectivité doit regarder les fonds propres (pour certains marchés) et/ou exiger des garanties.

Ne pas l’autoriser à le faire, c’est permettre de mauvais marchés d’être conclus et donc affaiblir la portée d’un Small Business Act, voire le condamner à un retour de bâton futur.

6. Dingo - 4 juin 2008

Je retiens la solidité financière 😉