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Pourquoi les entreprises en faillite doivent être nationalisées. 16 mars 2009

Par Thierry Klein dans : Crise Financière.
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Aux Etats-Unis, le gouvernement a prêté 170 milliards de dollars à AIG pour éviter sa faillite. 450 millions vont servir à rétribuer les bonus des cadres – ce qui revient à dire que les foyers américains paient les bonus de ceux qui ont creusé les trous. (C’est un peu comme si Ben Laden réclamait qu’on lui rembourse le prix de sa bombe et les accords conclus avec ses sous-traitants).

Quels sont les arguments d’AIG ?

D’abord, qu’il s’agit de préserver les « talents » pour éviter que les meilleurs cadres d’AIG aillent voir ailleurs (cet argument est du plus haut comique, s’ils étaient allé voir ailleurs un peu plus tôt, AIG aurait sans aucun doute sauvé des dizaines de milliards !).

Ensuite, AIG déclare être contractuellement obligé de payer les bonus car ils relèvent de contrats signés avant la « faillite ». Mais techniquement ces contrats, si la société avait été mise réellement en faillite, puis rachetée par l’Etat, se seraient automatiquement transformés en dette non recouvrable.

Les dirigeants n’auraient alors eu que le choix d’accepter la situation ou de partir (ouf !).

Autrement dit, le fait que l’Etat Américain n’ait pas complètement pris la main privilégie l’intérêt de quelques dirigeants au détriment de tous les américains.

Cela montre bien comment les entités travaillent au détriment du public, cela montre aussi leur énorme capacité de lobbying (lui aussi sponsorisé intégralement par le citoyen américain et les montants ne sont probablement pas inférieurs aux bonus !) et aussi le peu de contrôle qu’exerce l’Etat sur le comportement des sociétés qu’il sauve (le Secrétaire d’Etat au Trésor semblait tout surpris la semaine dernière de découvrir la situation !).

En France, la situation est un peu différente. D’abord, il ne semble pas que les banques soient en faillite. Et pour celles qui sont le plus touchées (Caisses d’Epargne, Banque Populaire), Sarkozy a mis un homme « à lui » à leur tête: François Pérol est à la fois le bras et l’oeil de l’Etat dans le nouveau groupe.

Alors on peut bien reprocher à Sarkozy un peu d’autoritarisme, un certain manque de considération pour les institutions existantes, etc…

Reste que la méthode de contrôle qu’il a choisie est infiniment meilleure que la méthode américaine. Et de façon tout à fait pratique, c’était sans doute la seule possible hors nationalisation.

Et c’est assez courageux aussi puisque c’est à Sarkozy qu’on imputera les éventuels échecs futurs.

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Commentaires»

1. Autosatisfaction - 19 mars 2009

[…] c’est avec 4 jours d’avance sur Obama que je vous ai expliqué pourquoi la nationalisation d’AIG, finalement annoncée hier était […]