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Une explication mimétique de la crise financière (pourquoi nous sommes tous coupables) 22 janvier 2009

Par Thierry Klein dans : Crise Financière,Economie,René Girard.
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J’ai déjà expliqué pourquoi cette crise, qui est apparue d’abord comme une crise financière est d’abord une crise économique.

Depuis une trentaine d’années, les foyers américains se sont endettés pour consommer (1000 milliards de crédit-revolving en cours) et pour se loger (les subprimes, qui ont entraîné la faillite de Lehman, en septembre dernier).

L’endettement des foyers américains est une conséquence de la mondialisation, qui a mis le travailleur américain en concurrence avec la planète entière. Au début, il a tenté de s’adapter en utilisant le crédit, maintenant, il est au bout. Les capitaux peuvent s’évader, pas lui.

J’ai montré aussi comment la mondialisation a, dans le monde entier, privilégié le droit du consommateur au détriment de celui du travailleur et du citoyen. Le travail du dimanche, la fin des monopoles, l’augmentation du temps de travail, le travail des femmes… autant de réformes qui se sont faites au nom de l’intérêt du consommateur.

Or intérêt du consommateur et du travailleur s’opposent. Impitoyablement.

En achetant un nouveau téléviseur, je ne suis pas directement responsable de la fermeture de telle ou telle usine. Mais ce comportement, répété des milliers de fois pendant des dizaines d’années, a pour résultat final la délocalisation totale de presque toute l’industrie.

Nous vivons actuellement une situation de lutte des classes, mais à 3: actionnaire, travailleur et consommateur. Et le vrai méchant a changé: ce n’est plus le patronat, les 200 familles… C’est le consommateur, c’est à dire une partie de nous tous.

C’est psychologiquement moins confortable à admettre… Plus de coupable pratique et désigné. Le conflit est interne.

Le bras armé de cette lutte entre citoyen et consommateur a été la publicité (le marketing, pour faire large). C’est la Publicité qui nous fait voir le Monde sous l’angle du Consommateur, c’est la Publicité qui nous pousse, par des moyens toujours plus performants et sophistiqués, à consommer toujours plus, ce qui rend le monde plus précaire, le travailleur plus dépendant et “esclave” de son côté consommateur.

Tout le monde s’est méfié de la Religion, de la propagande politique. Mais personne ne s’est méfié de la Publicité, parce que ses objectifs sont a priori peu ambitieux. Qu’y a-t-il de mal à vouloir vendre plus de coca-cola, plus de voitures, de parfum ? Qui plus est, comme chacun sait, « moi, je ne suis pas particulièrement sensible à la pub ! ». (En fait, si nous avions plus l’impression d’y être sensibles, la publicité aurait moins d’effet sur nous. Cette insensibilité est contredite, minute après minute, par les milliards dépensés en pub par les entreprises.)

J’ai écrit alors que la publicité était l’opium du consommateur. L’objectif de cet article est de proposer une interprétation psychologique, presque physique du phénomène.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Le moteur de la (bonne) publicité, c’est l’identification. La publicité nous montre un modèle enviable (le cas d’école : un mannequin). Nous cherchons à lui ressembler. Son principe est mimétique et comme les molécules d’un gaz qu’on chauffe, les êtres humains, dans le monde entier, s’agitent de plus en plus, consomment de plus en plus, jusqu’à l’explosion sous l’influence toujours croissante de cette source d’excitation.

La publicité est extrêmement efficace (d’autant plus efficace, en fait, que dans la plupart des cas, nous décrétons que nous n’y sommes pas sensibles, ce qui fait que nous ne sommes pas protégés contre elle).

Elle est extrêmement efficace parce qu’elle apporte de l’énergie à un moteur qui, Girard l’a montré, est à la source des sociétés humaines : la rivalité mimétique.

Elle est extrêmement efficace parce qu’elle est devenue, en 50 ans, de plus en plus performante, intrusive et subliminale.

L’encart inséré dans une page de journal est devenue publicité radiophonique, puis télévisuelle son impact augmentant avec l’évolution des technologies de communication.

La société la plus emblématique des 10 dernières années, Google, est une régie publicitaire capable d’insérer dans des pages des liens presqu’invisibles mais de plus en plus pertinents et optimisés. La façon d’agir de Google est significative: peu importe à Google comment agissent les liens sponsorisés sur notre cerveau, mais Google cherche à optimiser cet effet en optimisant un taux de clic. En tout innocence, on arrive à une capacité d’influence remarquable et toujours croissante.

La publicité a pour conséquence de générer une impulsion d’achat, c’est-à-dire qu’elle masque l’intérêt profond, long terme du citoyen en le transformant en consommateur impulsif. Le citoyen troque littéralement ses droits contre un plat de lentilles.

Aujourd’hui, la publicité est partout et il est devenu impossible de lui échapper.

Elle s’est développée corrélativement à la mondialisation, qui peut se caricaturer en fait comme l’extension du modèle créé par Coca-Cola à la planète entière.

On ne comprend pas la crise actuelle si on ne voit pas que c’est avant tout une crise mimétique qui entraîne une surconsommation mondiale.

Quand on étudie, par exemple, la nature des dossiers de surendettement, on se rend compte que les cas les plus fréquents sont dûs à des erreurs de consommation (achats d’électronique, consommation téléphonique excessive, achat de maison) beaucoup plus qu’à une situation structurelle qui entraînerait la pauvreté.

Dans les cas les plus extrêmes, on voit, sur M6 l’autre soir, des jeunes femmes des pays de l’Est se prostituer le vendredi soir pour pouvoir sortir en Prada le samedi soir. Raccourci saisissant de la situation mondiale où les droits fondamentaux de la personne humaine sont troqués, volontairement, contre un droit à consommer un bien qui semble inutile.

Aux Etats-Unis, les consommateurs qui se sont endettés pour acheter leur maison ont eu un comportement d’avidité très similaire aux banquiers et recherchaient eux aussi l’enrichissement par des moyens financiers. Ils sont, psychologiquement, tout aussi coupables que les « initiés de la finance » dont parle Jacques Attali dans son analyse de la crise – évidemment, ils sont aussi beaucoup plus à plaindre.

Il est important de poser le problème de la surconsommation générale pour plusieurs raisons:

– ceux qui analysent le mieux la crise actuelle (Bob Reich, JA, Michel Rocard …) ont perçu le problème du surendettement, mais l’interprètent juste en terme d’appauvrissement structurel lié à la mondialisation. Or il y a aussi asservissement consumériste, qui ne se résoudra pas en relançant la consommation – au contraire – mais en diminuant les incitations à consommer.

– on a tendance à croire qu’on se sortira de la crise financière par des moyens qui s’opposent au Grenelle de l’environnement, plus généralement par des moyens qui retardent la lutte contre le réchauffement climatique, puisqu’on cherche à générer de la croissance.

Il n’en est rien. Réchauffement climatique et crise financière ont une cause commune: l’emballement de la consommation. Les méthodes pour résoudre les deux problèmes sont communes. C’est une très bonne nouvelle, si on s’en rend compte.

– Il sera très difficile aux Etats de lutter contre la crise. Les Etats agissent en général de façon très grossière avec assez peu de discernement. Or ici, il s’agit de changer de mode de consommation, de remplacer des dépenses par d’autres, bref, il faut investir de façon massive en maîtrisant très finement les dépenses.

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Commentaires»

1. Stibbons - 23 janvier 2009

Je ne vois pas ce que vient faire la religion dans votre analyse. J’ai bien aimé tous les points de votre article sauf le dernier.

La (les) religions sont autant bénéfiques (structuration d’une société) que néfaste (lutte au nom de l’intéret supérieur de telle religion, guerre sainte, manipulation des foules…). Je m’avancerais pour dire que la religion est le meilleur moyen pour controller les peuples (l’opium du peuple disait l’autre). Bon nombre de société qui sont encore sous le coup de la tradition de certaines religions (du Livre » ou même les autres d’ailleurs), dont notament l’infériorité de facto de la position de la femme (souvent non écrite texto dans les lois divines mais de facto appliqué). Alors, la société de consommation a permis à la femme de travailler et de devenir « indépendante », mais c’est toujours mieux que dans certaines communauté où celle-ci n’a pas le choix de son mari et passe du controle de son père à celui de son mari avant d’être sous le controle de son fils quand elle sera veuve.

Bref, la religion est autant un atout qu’un danger, donc à ce titre il conviendrait de lui réservé une place réservée et limité à la sphère uniquement privée. Que l’on protège la liberté de croyance et que l’on réprime sévèrement les auteurs d’actes antisémites ou anti-musulmans, mais que l’on protège aussi une laïcité sans compromis: pas de signe ostentatoire à l’école ou dans les administrations publique (c’est de la pub pour sa religion), pas de subvention pour les groupement/association religieux,…

Et avant tout réserver à la religion un rôle neutre dans la société, limité à la sphère privée de l’individu.
PS: pas une seule religion du monde n’a de sang sur les mains, elle a toujours été instrumenté par les hommes pour contrôler d’autres hommes, et à ce titre il ne faut en aucun cas lui donner trop d’importance.

2. Thierry - 23 janvier 2009

@Stibbons:

Bonjour,

Tout ça n’est pas incompatible avec ce que j’écris. J’ai bien précisé « Dans ce contexte ».
Je parlais de la Religion au sens où Tocqueville l’entend: « La liberté voit dans la religion la compagne de ses luttes et de ses triomphes« .

Le côté « Opium du peuple » de la Religion est, comme qui dirait, « bien connu ». Mais si l’opium actuel du peuple est bien la publicité, il est remarquable que, dans ce contexte, le mécanisme religieux soit protecteur et libérateur, une sorte de « prise de conscience« . Autrement dit, il est remarquable, je trouve que, partant d’une analyse de type marxiste, on puisse arriver à un point de vue opposé sur (au moins un aspect de) la religion.

3. christian Chauty - 25 janvier 2009

Thierry, je suis tout à fait d’accord avec ton analyse.
J’apporterai juste un élèment supplémentaire sur la contradiction entre le consommateur et le citoyen :
Nous réprouvons tous l’esclavage des noirs qui a eu lieu dans les siècles passés.
Mais aujourd’hui , le consommateur est heureux d’acheter un
T-Shirt à 1€ , fabriqué par une chinoise qui travaille 60 heures semaine , est parquée dans un dortoir de l’usine , sans hygiénes et conditions de vie décente……….
Ceux sont des Esclaves Modernes que le citoyen dénonce mais que le consommateur approuve en connaissance de cause pour son seul intérêts !

Au sujet de la publicité :
Il existe aux USA des écoles sponsorisées par des grandes marques de produits. Les élèves de ces écoles ont l’obligation tous les jours pendant 1/2 heure de regarder les dernières publicitées des sponsors de l’école.
Ce qui prouve bien que la société de consommation n’a pas pour but de faire réfléchir les citoyens , mais uniquement en faire des consommateurs dociles qui suivent aveuglément les messages qui leurs sont matraqués………….

Au sujet des religions:
La religion permet à chaque homme de savoir qu’il est aimé de dieu et qu’il n’est rien sans lui……..
Mais aussi que ses frères , étant aussi aimés de dieu , ont le droit aussi au respect de leur être . L’objectif n’étant pas d’écraser ou de détruire son prochain pour être égoistement la seule personne heureuse sur cette terre;
Mais comme dans une famille , le respect mutuel et la solidarité permettent à tous de vivre en harmonie sur cette terre……..

4. Stibbons - 26 janvier 2009

Je maintiens que l’on ne peut dissocier religion et passion. Il y en aura toujours pour se taper dessus au nom d’une soit disante supériorité sur l’autre: « je t’aime, mais bon, si tu étais comme moi (sous entendu pour l’instant tu es un sous homme), on s’entendrais encore mieux. ». La religion promeut l’amour, la joie, la beauté, ça c’est la théorie, en pratique bon nombre de guerre sont faites en son nom. C’est plus l’instrumentalisation aisée d’une religion qui me fait peur que la religion en tant que telle.
Ce que je remets en cause implicitement est l’assertion « c’est une religion donc les mouvements de passions sont contrôlables ». C’est tout simplement faux. C’est pour cela que je trouve que ce point n’a pas sa place dans une analyse sur les causes mimétiques de la crise financière

> Au sujet des religions:
> La religion permet à chaque homme de savoir qu’il est aimé de dieu et qu’il n’est rien sans lui……..
> Mais aussi que ses frères , étant aussi aimés de dieu , ont le droit aussi au respect de leur être . L’objectif n’étant pas d’écraser ou de détruire son prochain pour être égoistement la seule personne heureuse sur cette terre;
> Mais comme dans une famille , le respect mutuel et la solidarité permettent à tous de vivre en harmonie sur cette terre……..
Voilà typiquement le genre de discours creux que je trouve dangeureux car il endort l’esprit critique : une religion se défini avant tout par un certain nombre de dogme qu’il est impossible de remettre en cause. En surface, c’est « le monde est beau et on doit aimer son prochain ». Dans la pratique, c’est plus compliqué. C’est cet aspect « vérité universelle, unique et intemporelle » que veut fournir la religion qui rassurent les peuples (car avec elle on sait d’où l’on vient et où l’on va, notre rôle dans la société, etc), mais c’est avant tout un facteur de déresponsabilisation de l’individu (je fais ça car c’est ma religion, je ne pose pas de question, d’admet sans pouvoir remettre en cause).

Bref, je préfère que l’on n’achete pas tel produit car il est issu d’une filière très poluant plutot que parce que ma religion l’interdit.

Une analyse intéressantes qui pourrait rentrer dans un débat sur la crise pourrait porter sur la finance islamique, a qui l’on prête des intentions d’éthiques qu’il a manquer à la finances ces dernières années. Est ce vrai, je ne sais pas.

Une chose est sûre, dans le capitalisme actuel, il est évident que chaque agent économique n’agira en priorité que pour maximiser ses intérêts particuliers. Et l’environnement, dépendances énergétiques, polution, tout cela rentre dans le domaine de l’état. Mais la concurence entre état rend impossible une application d’une réglementation stricte (car contraignante).

Pour ce qui est des publicités, il faut remarquer que depuis un certain temps des campagnes de sensibilisations passent à la télévision et servent un intéret général (mettez des préservatifs, ne fumez pas, ne buvez pas avant de conduire). Ce sont les ministères qui payent comme une publicité normales, il serait intéressant de réserver une plage dédié du temps de publicité à ces messages.

My 2 cents :p

5. Thierry Klein - 26 janvier 2009

Bonjour Stibbons,

Je parle du fait religieux, indépendamment de toute croyance en Dieu ou pas.

J’ai l’impression que le débat est biaisé par le fait que tu n’es pas croyant, « donc » vision négative a priori du fait religieux (qui pour toi génère incroyance, violence, intolérance et tutti quanti) alors que Christian l’est (donc religion, pour lui, égale a priori mécanisme protecteur contre la violence).

Quelques remarques:
– on ne peut pas condamner la religion à cause de ses excès (inquisition, etc…), sauf à montrer qu’ils sont inscrits dans son principe, ce qui ne me semble pas facile.
– Il me semble que la violence est humaine et traverse l’ensemble des sociétés. Les sociétés a-religieuses, voire anti-religieuses, génèrent leur propre violence (nazisme, communisme, voire fordisme et élevage en batterie des animaux, pour pousser le bouchon, comme on dit). Bref, on ne peut pas imputer la violence à la religion, mais plutôt à l’homme.
– l’analyse mimétique est une référence à René Girard est je fais référence aussi à son interprétation du fait religieux. J’en ai parlé dans mon billet sur l’avenir d’une illusion.

Pour le reste, je trouve ta remarque à la finance islamique très intéressante et j’en parlerai.

Et aussi sur le « temps réservé » pour de la publicité d’intérêt général. Je suis d’accord avec toi, il faudra y arriver. 10 ou 15% du temps de pub suffiraient à mon avis pour résoudre un grand nombre de problèmes. Il faudrait sans doute un mélange de communication gouvernementale et « privée » (faite par des ONG non gouvernementales) pour assurer une vraie pluralité. Voit-on par exemple aujourd’hui, en France, en période de crise, le gouvernement critiquer la stratégie environnementale de Peugeot ou Renault ?

6. Parmentier Simon - 27 janvier 2009

Bonjour Thierry,

Les textes sur ton blog sont toujours pleins d’intérêts et provoque souvent le débat et tant mieux.
Mes (pauvres) connaissance économiques ne me permettrons pas de débattre bien loin sur ta vision des choses.
Mais c’est sûr que ta remarque sur la position de notre président sur les religions est évidemment sujet à remarques.

Je ne suis pas vraiment croyant (j’ai tout de même une culture chrétienne) et je ne nie rien non plus. La découverte d’autres cultures m’a permis de voir l’importance de la religion pour certains.

Mais je suis complètement contre un interventionnisme de l’état à ce sujet.

Je ne suis pas pour la laïcité qui forcerait à masquer ses différences de croyances car je suis pour la diversité et pour qu’elle se voit car nier la diversité ne nous permettra jamais de l’accepter. Mais je pense qu’une personne d’état n’a pas à se prononcer à ce sujet. (Je sais je peux être contradictoire).

Bref! tout cela me rappel un texte de Hailé Sélassié que j’avais découvert et que j’aprécie toujours autant :
« il nous faut cesser de confondre religion et spiritualité. La religion est un ensemble de lois, de règlements et de rituels édifiés par les hommes, supposé ainsi aider les peuples à développer une spiritualité. En raison de l’imperfection même de l’homme, la religion s’est corrompue, s’est politisée, s’est divisée et est devenue un outil dans la lutte pour le pouvoir. La spiritualité n’est ni théologie, ni idéologie. C’est tout simplement un mode de vie, pur et original, qui nous a été donné par le Créateur. La spiritualité est une toile qui nous relie entre nous, au Très-Haut,et à l’univers. »

Voilà pour ma part. J’ai en fait surtout eu l’impression que son discours de Latran était un moyen pour récupérer un peu son électorat des religieux conservateur suite à une image un peu dégradée à leurs yeux (mariages multiples, trop de clinquant, …)

7. Thierry Klein - 28 janvier 2009

A titre de précision, plusieurs choses dites par Sarkozy au Latran avec lesquelles je ne suis pas d’accord.

C’est pourquoi j’ai retenu juste sa vision positive.

Je pense que le rôle de la laïcité avant tout est de protéger contre les aspects sectaires de la religion – ceux dont parle Stibbons – et donc, j’y suis très attaché.

8. Croissance ou productivité ? Le débat sur le plan de relance à l’Assemblé Nationale. - 28 janvier 2009

[…] plus est, vouloir relancer la consommation alors que nous sommes dans une crise de l’hyper-consommation a un côté comique tellement c’est du n’importe quoi. Sociologiquement, c’est […]

9. martial - 29 janvier 2009

Vraiment, très bonne analyse qui m’a permis d’entrevoir un élément qui manquait à mon propre discours (très proche sur le constat).
Donc : oui à la diminution de la publicité, mais sur toutes les chaines bien sûr il faut etre logique (je rappelle que TF1 et M6 ont allongé , du coup, la durée du tunnel publicitaire.. Cette mesure de Sarkozy n’a rien a voir avec une approche psychosociologique mais est guidé par le souhait de protéger les copains… Pourquoi ne pas adopter les mesure que nous proposons au CIEM et à ARS INDUDSTRIALIS. vous devriez être d’accord avec ces propositions (vu votre discours!)
Oui à l’anamnèse, plutôt qu’ à la religion. Ou a une transendance de type Kantien. Là encore voir les propositions de Stiegler sur les « consistances »….
Et enfin, nécessité de repenser globalement le système (et non pas le « refonder »), mais ça, c’est encore un autre débat. Si nous sortons de la pulsion consumériste pour aller vers un modèle libidinal, nous aurons fait, probablement, le plus grand pas possible!

10. Stibbons - 30 janvier 2009

Pour rebondir sur vos remarques:
> – on ne peut pas condamner la religion à cause de ses excès (inquisition, etc…), sauf à montrer qu’ils sont inscrits dans son principe, ce qui ne me semble pas facile.
Je n’ai pas de point de vue quant à la religion en elle-même, sur son essence, la plupart promeut des valeurs qu’on ne peut qu’adhérer (aimer son prochain, interdit de l’inceste,…). Mon gros soucis est, qu’une fois que l’on a placée la loi divine au dessus de la loi des hommes, sa manipulation par les hommes de pouvoir est d’autant plus facile qu’elle permet d’expliquer certains actes (on décapite un tel car c’est un hérétique, on lance telle campagne de guerre car c’est la volonté divine,…). Tout au long de l’histoire, l’homme a justifier sa violence à grâce à la religion. C’est d’autant plus facile que la loi divine n’est pas critiquable.
Donc il convient de placer la religion sous la « juridiction » de l’homme, dont les lois sont révisables, modifiables, critiquables. Mais cela va à l’encontre du concept même de religion qui veut que ses lois soient divines, donc supérieurs à l’homme.

> – Il me semble que la violence est humaine et traverse l’ensemble des sociétés. Les sociétés a-religieuses, voire anti-religieuses, génèrent leur propre violence (nazisme, communisme, voire fordisme et élevage en batterie des animaux, pour pousser le bouchon, comme on dit). Bref, on ne peut pas imputer la violence à la religion, mais plutôt à l’homme.
D’où deux remarques: une société a-religieuse n’est pas nécessairement plus violente qu’une société avec une religion pour « tenir » les excès. D’autres part, j’ai l’impression que le nazisme ou le communisme poussé à l’excès peuvent être considéré comme une « religiolisation » d’une politique : on vénère le fuher comme un prophete (les milles ans de paix promis par hilter ressemblent furieusement à la paix promis si tout le monde était de la même religion (note : ce qui est la aussi discutable, quand on voit qu’il y a plus de mort en irak à cause du conflit sunnite/chiite qu’a cause des américains)). Bon nombre de dictateur s’inspirent de méthode tirée de la religion : instauration d’un mythe fondateur, culte de la personnalité, instauration d’une « explication du monde », de traditions,…

C’est vrai que je préfère que les gens croient aux petit jésus plutot qu’au petit aldophe…

> – l’analyse mimétique est une référence à René Girard est je fais référence aussi à son interprétation du fait religieux. J’en ai parlé dans mon billet sur l’avenir d’une illusion.
Je l’ai lu (le billet, uniquement 😉 )

Bonne continuation

11. Is Alive - 9 février 2009

Pour être le premier de Février 2009.

Thierrey KLEIN n’est pas publicitaire.
En revanche, Thierry KLEIN est le nouveau SEGUELA.

Vive Thierry KLEIN, vive le marketing virale.
On t’adore Thierry KLEIN.

12. La publicité, c’est l’opium du peuple - 7 mars 2009

[…] du phénomène actuel ne me semble pas d’origine économique. Je vous donnerai demain une explication qui fait appel à la théorie mimétique de René Girard. Billets associés :Good Action, Doona, alternatives humanitaires à […]

13. Enzo (Love15) - 4 mai 2009

Thierry, tu as lu (ou relu) « Le Cheval d’Orgueil » ? C’est un peu aride par moments (le milieu du livre), mais il y a vers la fin une analyse du « monde moderne » (celui des années 70…) qui donne des frissons dans le dos.

On voit aussi (superbe expo à la Cinémathèque) que Jacques Tati, dès les années 50, déplorait la perte de lien entre les hommes des sociétés « modernes ». Avec cette ironie magnifique, en faisant visiter la maison Arpel (dans « Mon Oncle »), la femme répète sans arrêt « Tout communique… ».

L’ennemi, plus que la société de consommation, c’est la perte du lien entre l’homme et la nature, ou du « vrai » lien entre les hommes. On va de plus en plus vers un lien de possession, ou un lien « négocié » (les amis FB), et on perd de vue le lien « gratuit » (ou obligé, c’est vrai aussi !) de ceux qui n’avaient que 15 personnes dans leur voisinage avant d’avoir les moyens de s’offrir un vélo.

14. Enzo (Love15) - 4 mai 2009

Mais je continue, optimisme forcené oblige (tel le père jésuite Max !) à penser qu’une fois qu’on aura appris à domestiquer les NTIC, elles peuvent devenir un vrai outil d’enrichissement de l’âme humaine. Je pense d’ailleurs qu’elles le sont déjà, la difficulté étant de ne pas y être asservi… Mais valait-il mieux être asservi à son lopin de terre, aux caprices des saisons, du coup de grisou, ou des bancs de sardines d’humeur fugueuse ?

15. « Sur le Web, la publicité détourne du contenu » (Steve Jobs) - 11 juin 2010

[…] La publicité a pris, depuis un siècle, une place de plus en plus importante dans nos vies. […]

16. Laurent Le calvez - 19 mars 2012

Effectivement le mode de vie consumériste qui se globalise nous renvoi à la « pensée mimétique  » de René Girard. La consommation est le nouvel Opium du Peuple dis tu , bravo pour cette formule qui montre bien la baisse de niveau et d’attente de l’humain contemporain… N’a t’on tué Dieu et la métaphysique que pour les remplacer par la consommation Pavlovienne et la prise de Prozac ?