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Du client-roi au client-esclave 25 avril 2008

Par Thierry Klein dans : Politique.
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La polémique autour du boycott des jeux de Pékin illustre on ne peut mieux comment la mondialisation fait perdre au citoyen l’exercice de sa liberté, comment il est une victime presque consentante de ce phénomène.

Nous – les pays occidentaux – sommes les clients de la Chine, comme l’atteste le déficit de nos échanges. Pourtant, c’est la Chine qui appelle au boycott des produits français. L’idée même qu’on puisse s’en prendre au magasin Carrefour de Pékin semble terrifier tout le monde.

L’hypocrisie est générale. Les politiques – ou les sportifs de second rang, pour qui les Jeux ont une importance avant tout politique – demandent aux meilleurs sportifs des actions qu’ils sont eux-mêmes incapables d’entreprendre.

Les activistes occidentaux manifestent dans une ambiance d’opérette, mais finalement la seule façon efficace de peser sur la Chine serait de boycotter les produits chinois (1).

Or ce boycott ne peut pas se faire pour deux raisons:

  1. En 40 ans, la Chine est devenue un fournisseur important, puis incontournable, puis stratégique. L’outil industriel occidental, c’est la Chine. Le boycotter, c’est mettre à genoux l’économie du monde et nous avons aujourd’hui autant, sinon plus, à y perdre que la Chine. (2)
  2. En 40 ans, sous l’influence de la publicité qui est son opium, le citoyen démocratique s’est transformé en consommateur dépendant, esclave – ce terme devant être pris au sens marxiste. Il a troqué sa liberté contre son droit à consommer – ou plutôt contre une propension à consommer, mimétiquement catalysée – ce terme devant être pris au sens de Girard – par la publicité.

Ce qui nous fait le plus peur aujourd’hui ? La fermeture d’un Carrefour en Chine !

(1) Voir aussi, sur ce sujet, l’opinion de François de la Chevalerie (Le Monde du 23 avril). En particulier:

Pourquoi n’appellent-ils pas au boycottage des produits chinois ? Piégés par le même réalisme économique qu’ils dénoncent, aucun ne s’y risquerait. Car alors ce serait accepter que le pouvoir d’achat des Occidentaux soutenu par l’accès à des produits à bas coûts chute !

(2) Plusieurs analyses brillantes dénoncent l’origine économique de ce déficit démocratique, lié évidemment à la mondialisation. La meilleure analyse que j’ai pu lire est celle de Bob Reich, ancien Ministre du travail de Clinton et que je vous recommande vivement – c’est un livre simple, clair, original et brillant qui fera date (Supercapitalisme). Aucune analyse, à ma connaissance, n’accorde assez d’importance au rôle central de la publicité dans ce phénomène.

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