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Amener le prix du sans plomb à 3 euros le litre et réduire le cholestérol. 18 avril 2006

Par Thierry Klein dans : Politique.
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J’ai souvent parlé dans ce blog du fait que les énergies fossiles étaient beaucoup trop bon marché, ainsi que beaucoup d’autres ressources naturelles. Ce faible prix entraine à coup sûr une destruction de la planète et la fin de beaucoup d’espèces animales, sans compter l’épuisement des ressources elles-mêmes à très court terme. Le cas typique est évidemment le pétrole, mais on peu citer l’exploitation de l’huile de palme qui déforeste l’Indonésie et fait disparaître Orang-Outans et gibbons (d’ici 20 ans).

C’est indigne de l’espèce humaine.

Hier, un appel de Nicolas Hulot dans Le Monde:

Il faut monter le prix de toutes les énergies fossiles de 5 à 10% en termes réels, tous les ans, sans limite, jusqu’au jour où nous pourrons penser être débarrassés des problèmes les plus redoutables

On ne saurait mieux dire.

Gauche comme droite sont malheureusement productivistes et recherchent une croissance économique forte. Or la croissance nous tue: la croissance, c’est le choléstérol, à éviter absolument. Mais comme il existe un bon cholestérol, il existe une bonne croissance, c’est celle qui respecte les ressources de la planète ou qui les reconstitue. Ainsi, les investissements visant à développer des sources d’énergie alternatives au pétrole (électricité, nucléaire 1, etc…) créent des emplois et préservent l’avenir des générations futures. Il en est de même des investissements qui visent à développer des techniques modernes de dépollution, des techniques propres d’agriculture – empêchant la déforestation ou privilégiant des produits alternatifs, etc…


Quand on parlait d’énergies alternatives dans les années 70, on parlait d’énergies très marginales, par exemple des éoliennes, qu’on regardait avec une bienveillance un peu amusée un peu comme de Gaulle considérait « la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages ». Mais il faut prendre conscience qu »aujourd’hui, ça ne plaisante plus. On parle de la vie sur terre dans une trentaine d’années, notre vie et aussi celles d’espèces irremplaçables vis à vis desquelles nous avons tout pouvoir, ce qui ne veut pas dire que nous ayons tous les droits.

L’industrie de demain, c’est la conservation de la planète. Cette industrie va devenir aussi ou plus importante que hier le pétrole, le nucléaire, le train. Dans un pays tel que le France, où tout ce qui est grand s’est toujours fait par l’Etat, il est du devoir de l’Etat de comprendre qu’il doit créer cette industrie comme il a créé le TGV, l’Airbus ou Ariane, et ce quelles que soient les lois européennes.

« Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités ». (De Gaulle, concluant sur la splendeur de la marine à voile).

1. Le nucléaire est aujourd’hui une énergie beaucoup moins dangereuse que le pétrole ou le charbon et il faudrait une bonne centaine de Tchernobyls au moins pour qu’il en soit autrement. Les OGM sont une piste d’avenir aussi pour des cultures moins destructrices si on privilégie le facteur écologique au lieu de privilégier le facteur rendement pur. C’est un autre sujet.

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Commentaires»

1. PJG - 19 avril 2006

Il est clair que le privé n’investira pas dans le secteur des énergies renouvelables. On voit par exemple TotalElfFina dépenser moins pour le recherche sur les énergies renouvelables que pour racheter ses propres actions, rachats qui augmentent mécaniquement les dividendes par action et soutiennent donc le cours en bourse. Vision à très court terme, d’autant plus grave qu’il est évident que les ressources en pétrole sont limitées – certains annonçant que dès aujourd’hui il n’est plus possible d’augmenter la production annuelle. Il faut donc que l’état crée ce marché, comme il l’a fait pour créer le réseau électrique ou telecom.

Mais l’état se donnera-t-il les moyens de le faire? On peut en douter quand on voit que la recherche est rangée dans les dépenses (il faut payer des chercheurs) de l’état et pas dans les investissements.

2. Canard - 19 avril 2006

Tu vas encore dire que suis de Gauche, Lapin, mais je te recommande sur ce sujet le bouquin d’Yves Cochet, Pétrole appocalypse.
Même si on ne souscrit pas à tout, l’enquète de Cochet est édifiante

3. Canard - 19 avril 2006

Tu vas encore dire que suis de Gauche, Lapin, mais je te recommande sur ce sujet le bouquin d’Yves Cochet, Pétrole appocalypse.
Même si on ne souscrit pas à tout, l’enquète de Cochet est édifiante

4. Olivier - 25 avril 2006

Cette thèse est notamment défendue aussi dans un livre récent de Jancovici et Grandjean "Le plein s’il vous plait, la solution au problème de l’énergie"
http://www.cdurable.com/product_...

5. L'autre - 20 novembre 2006

En voyant le titre je m’étais écrié "Encore un qui veut extorquer des sous aux conducteurs, on commence à en avoir marre!"
Et puis en fait cet article est assez cohérent. Même si Nicolas Hulot est loin d’être une référence.
Je suis d’accord pour dire que le nucléaire est une bonne chose, tout comme les OGM, et je suis content de voir quelqu’un penser pareil, mais augmenter le prix du pétrole ne retombera finalement que sur les pauvres particuliers que nous sommes, et qui, même additionnés, ne sont pas les plus gros consommateurs d’énergies fossiles. Quand on voit les énormes paquebot qui carburent au pétrole à peine raffiné, les avions et leurs tonnes de kérozène, les centrales électriques au charbon ou pétrole, et le reste, on se dit que les particuliers sont bien peu face à tout cela.
Or tous ces gros consommateurs n’accepteront jamais de telles augmentations de prix, et finalement, ce sera les pauvres français, aux revenus moyens, qui se retrouveront à nouveau à grincer des dents en fesant le plein, tout ça pour une réduction de la consommation de pétrole à peine perceptible…
Tant pis, ça avait l’air d’être une bonne diée…

6. Thierry Klein - 20 novembre 2006

Il faudrait avoir les chiffres, mais je ne pense pas que les particuliers soient « bien peu ». La quantité de carburant consommé par kg de marchandise transporté est d’un ordre de grandeur plus faible par bateau que par route ou par avion, ce qui explique pourquoi 90% du commerce passe toujours par les ports, d’ailleurs. C’est un ratio qui d’ailleurs a peu changé depuis le début de l’ère industrielle. Dans les « consommateurs » d’énergie que vosu énumérez, tous peuvent être optimisés – et peut-être le bateau est-il celui où il y a le plus à gagner relativement, mais en valeur absolue, le plus gros consommateur, c’est la route – donc les particuliers.